30 octobre 2025
Avant même le bouillonnement du XIX siècle, certains natifs de Tours ont laissé, chacun à leur manière, une empreinte sur la science ou la diffusion des savoirs. Loin du cénacle des laboratoires, ces esprits curieux témoignent de la grande ouverture d’esprit de la ville sur le monde et sur les progrès de son temps.
À première vue, citer Balzac dans un article sur les scientifiques tourangeaux pourrait sembler provocateur. Mais l’auteur de , né à Tours en 1799, fut aussi passionné par les sciences. Il se lia d’amitié avec plusieurs figures scientifiques de son époque ; ses romans sont truffés de descriptions techniques ou de concepts scientifiques, parfois novateurs. Balzac suivait avec passion les débats autour de l’électricité, de la médecine ou de la chimie de son temps, s’inspirant des avancées découvertes lors de sa jeunesse tourangelle : il fréquenta par exemple la bibliothèque municipale, foisonnante de traités modernes grâce à la Société d’Agriculture, Sciences, Arts et Belles Lettres de la ville.
Si Balzac n’a pas été “scientifique” au sens strict, sa curiosité intellectuelle, puisée à Tours, contribue à la vulgarisation et à la valorisation du progrès, à une époque où science et littérature sont étroitement tissées.
Né à Tours et formé à l’École polytechnique, Jacques-Marie Hénon fut l’un des pionniers de la physique mathématique et de l’astronomie en France au XIX siècle. Il travailla aux côtés de grands noms comme Arago ou Poisson, et contribua au perfectionnement des calculs orbitaux pour la Marine et les scientifiques. Membre de l’Académie des sciences, il s’illustra notamment par ses travaux sur la trajectoire des comètes, les tables d’éphémérides, ou encore la correction des erreurs de mesure dans les observations astronomiques.
Si le nom de Charles Dupin reste surtout attaché à la “carte de Dupin” – première vraie carte statistique par département (1826) qui a marqué l’histoire de l’infographie –, il fut aussi un inventeur prolifique, originaire de Varennes-sur-Loire, à quelques lieues de Tours, et élève du lycée de la ville. Mathématicien hors pair, ingénieur et académicien, Charles Dupin introduit la pédagogie active dans l’enseignement scientifique français et initie une révolution visuelle dans la statistique : ses cartes en couleurs divisant la France selon le niveau d’alphabétisation et d’industrialisation sont, en quelque sorte, les ancêtres du data-journalisme moderne.
Même s’il est né à Saint-Paul-lez-Durance, Simond est un pur produit des études tourangelles, ayant fait son lycée et ses débuts à Tours. Il reste célèbre pour avoir identifié, en 1898, le rôle des puces du rat dans la transmission de la peste bubonique, révolutionnant ainsi la compréhension des épidémies. Issu de la grande tradition médicale tourangelle, Simond a découvert lors de ses recherches en Asie que la puce (Xenopsylla cheopis) jouait le rôle de vecteur, permettant de lutter efficacement contre la propagation de la maladie.
Qu’on lui associe Rochecorbon, La Bourdaisière ou encore le Jardin des Plantes de Tours, Duhamel du Monceau appartient à cette génération d’encyclopédistes du XVIII siècle, à la croisée des Lumières et du monde rural. Il fut à la fois agronome, botaniste, ingénieur, et vulgarisateur passionné.
Natif de Tours, René Poyen fut le fondateur de l’Astro-Club de Tours dans les années 1950, alors que la conquête spatiale fascinait la planète. Humaniste, vulgarisateur infatigable, il mit à la portée de tous les mystères de l’univers : ses soirées d’observation sur les bords de Loire ont fait naître des vocations d’astronomes amateurs dans toute la Touraine.
Bien des noms féminins mériteraient une mise en lumière, quand la tradition voulait souvent les confiner à l’ombre. Parmi elles, citons :
Sans même parler des natifs, Tours a vu grandir des esprits venus d’ailleurs pour rayonner depuis la ville elle-même. On pense au CHRU, à l’Université de Tours ou encore à l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA), moteur de recherches sur l’histoire et la sociologie de l’alimentation.
Si l’envie vous prend de marcher sur les traces de ces faiseurs de découvertes, la ville se prête volontiers au jeu. Voici quelques haltes pour une exploration inspirée, à compléter selon la curiosité :
La Ville de Tours a également labellisé plusieurs parcours sur le thème des “femmes scientifiques” et des “savants tourangeaux”. Renseignez-vous auprès de l’Office de Tourisme !
L’histoire scientifique de Tours ne se résume pas aux prémices du siècle des Lumières ou à quelques bustes oubliés. Elle se réinvente, fidèle à l’esprit inattendu de la ville, dans les campus, les hôpitaux, les cercles de jeunes chercheurs ou les associations qui font de la recherche une aventure à ciel ouvert. Restez curieux : un détail de rue ou un nom sur une plaque pourrait bien être la première page de votre prochaine découverte...
Sources principales : INSEE, Archives municipales de Tours, OpenEdition Journals, Société Astronomique de France, Institut Pasteur, Bibliothèque nationale de France, BBC.