10 septembre 2025
Impossible d’évoquer Tours sans plonger dans l’atmosphère de la cour des rois de France. À la toute fin du XVe siècle, c’est ici, dans la lumière tourangelle, que s’est jouée une nouvelle page de l’Histoire. Charles VIII, né au château d’Amboise voisin, aimait profondément la région et fit de Tours un point fort de son règne. C’est sous son impulsion que de grands travaux métamorphosent la ville : réaménagement des rues, embellissement des places, rénovation du château royal.
Louis XII, quant à lui, se passionne pour la ville et y séjourne régulièrement. C’est sous son impulsion qu’est bâtie la chapelle Saint-Calais du château royal, chef-d’œuvre gothique annonçant l’arrivée du style Renaissance. Tours devient à l’époque la seconde ville du royaume, et sa cour rivalise avec celle de Paris.
Difficile de passer à côté du géant : arrivé à Amboise en 1516 (à l’invitation de François Ier), Léonard de Vinci a fini sa vie à deux pas de Tours, au Clos Lucé. S’il n’a pas résidé directement dans notre ville, son influence sur la région fut immense.
Sa tombe, toute simple, se visite encore dans la chapelle Saint-Hubert du château d’Amboise. Mais ceux qui arpentent la vieille ville de Tours retrouveront, au détour de certaines façades en trompe-l’œil et détails d’escaliers, l’écho du génie italien.
« Ni trop grand, ni trop petit — la parfaite ville de cour », c’est ainsi qu’on décrivait Tours sous le règne de François Ier. Surnommé, non sans raison, le “Père de la Renaissance française”, ce roi curieux place la cité tourangelle au centre de son projet politique et artistique.
Un autre géant de la Renaissance locale : Jean Fouquet. Né à Tours vers 1420, il fut l'un des plus grands peintres enlumineurs de son époque, pionnier du portrait réaliste en France. Ses œuvres d’exception, comme le célèbre Diptyque de Melun ou la Vierge à l’Enfant (où Agnes Sorel prête ses traits à la Vierge), sont encore visibles au musée des Beaux-Arts de Tours et dans des collections internationales.
L’un de ses plus beaux héritages : sa maîtrise exceptionnelle de la lumière, qui transforme chaque scène religieuse en théâtre vibrant. Aujourd’hui, impossible d’arpenter la vieille ville sans sentir, dans certains jeux d’ombres et de couleurs, la trace de son pinceau.
Comment parler de Renaissance à Tours sans évoquer Agnès Sorel ? Surnommée la “Dame de Beauté”, elle fut la première favorite officielle d’un roi de France : Charles VII. Si son influence se ressent dans tout le royaume, sa présence à Tours fut plus que décisive.
Son effigie, magistralement peinte par Fouquet, continue de fasciner. Certains historiens la voient comme la “Madone de la Renaissance Tourangelle”.
La Renaissance à Tours ne se limite pas à l’art des rois ! La ville fut également au cœur d’une révolution intellectuelle. Parmi les grands noms :
Tour à tour capitale du livre, laboratoire de foi nouvelle ou carrefour d’idées, Tours attire lors de la Renaissance une grande diversité de penseurs.
Pour suivre la trace de ces célèbres figures, il suffit d’ouvrir l’œil : la ville regorge de témoins visibles ou insoupçonnés —
Un conseil de promeneur : levez la tête ! Les clés de voûte de la cathédrale Saint-Gatien ou certains mascarons sculptés sur les façades révèlent souvent, dans la pierre, les visages stylisés des protagonistes de cette époque.
La Renaissance n’a pas laissé à Tours de grandes statues flamboyantes, mais des traces beaucoup plus subtiles et intimes, inscrites dans son tissu urbain, ses traditions et son art de vivre. La rencontre explosive de l’Italie et de la France, du livre et du palais, du marché aux idées et du raffinement royal a fait de la ville la matrice d’idées, d’art et de modernité.
Alors, à vous de jouer : partez en quête, fouillez les ruelles, questionnez les guides et les artisans ! Derrière chaque porte et chaque pierre, Tours chuchote les secrets de ses grands personnages — ceux qui, venus d’ici ou d’ailleurs, ont fait vibrer la Renaissance sur les bords de Loire.