9 août 2025
Au fil des ruelles pavées, difficile d’imaginer qu’entre les boutiques et les terrasses animées, des siècles de stratégie, de rivalités et de pouvoir se sont joués derrière les pierres. Mais d’où viennent ces tours médiévales de Tours ? Quelle était leur vraie utilité, ailleurs que sur les cartes postales ou sous les projecteurs illuminant la ville la nuit ?
La présence de nombreuses tours dans Tours remonte essentiellement aux XI et XII siècles, lorsque la cité se dote d’enceintes pour se défendre contre les incursions normandes, puis françaises ou anglaises. À cette époque, la ville n’est pas unifiée : jusqu’au milieu du Moyen Âge, on distingue la ‘Cité’ (autour de la cathédrale) de la ‘Châteauneuf’ (devenue aujourd’hui le ‘Vieux Tours’), deux véritables villes rivales séparées par une enceinte, chacune jalonnée de tours défensives (source : Histoire de Tours, Presses Universitaires François-Rabelais).
Parlons du plus emblématique : le donjon du Château de Tours. Altier, presque secret dans le jardin François Ier, il trône depuis la seconde moitié du XI siècle. Ce que les promeneurs ignorent souvent, c’est que cet édifice n’a pas servi qu’à dominer la Loire !
Preuve que sous la sévérité de ses murs, l’art et l’histoire murmurent des secrets inattendus.
Entre 1856 et 1860, lors du percement de la rue Nationale voulu par le baron Haussmann, une grande partie des anciennes tours tombe sous le pic des démolisseurs. Plusieurs d’entre elles ont pourtant laissé des indices… souvent dissimulés dans des caves de restaurants ou sous des maisons particulières du centre-ville.
Côté accessible, il reste la Tour Charlemagne (rue des Halles) et la Tour de l’Horloge, toutes deux érigées sur les ruines de la Basilique Saint-Martin.
Plus qu’une curiosité architecturale, la Tour Charlemagne s’érige en symbole des liens entre Tours et la royauté. Construite au XI siècle en l’honneur du passage supposé de Charlemagne à Tours au IX siècle, elle garde surtout le souvenir de la puissante influence religieuse de la ville.
La nouvelle basilique Saint-Martin attire dès le Xe siècle des foules de pèlerins, si bien que la légende court : chaque étage de la tour, dont l’accès est réservé aux clercs, servirait à abriter des reliques précieuses – notamment un fragment réputé authentique du manteau de Saint Martin.
D’ailleurs :
Véritable sentinelle du Vieux Tours, la Tour de l’Horloge s’élève sur les fondations de la porte sud de l’antique basilique Saint-Martin. À partir du XIV siècle, elle assume un rôle nouveau : marquer le passage du temps pour la cité grandissante, rivalisant d’importance avec la cathédrale.
Quelques faits insolites :
Au-delà des grands récits officiels, chaque tour cache des épisodes de vie quotidienne – et parfois, des anecdotes bien moins sages :
Pour qui observe les pierres de près, de mystérieux graffiti d’époque (croix, outils, blasons) restent lisibles sur certains parpaings. Ils témoignent de la présence d’artisans et de moines ayant marqué de leur passage ces forteresses de pierre.
Si certaines tours ne sont plus visibles qu’au détour d’un mur ou d’un parc, leurs histoires s’animent régulièrement lors de visites guidées ou d’animations patrimoniales.
À noter : plusieurs restaurateurs du Vieux Tours perpétuent la tradition, installant leurs caves à vin dans d’anciennes bases de tours, généralement humidifiées, souvent pleines de charmes et d’histoires à raconter si vous osez pousser la porte.
Observer, lever la tête, pousser une porte… c’est là que commence la redécouverte de l’inattendu, où chaque pierre raconte une histoire différente. Les tours de Tours sont loin d’avoir livré tous leurs secrets, et seules l’audace ou la curiosité permettent d’en deviner quelques nouveaux chapitres.
Sources principales : Revue d’histoire urbaine ; Archives municipales de Tours ; Ville de Tours ; Presses Universitaires François-Rabelais ; Musée des Beaux-Arts de Tours