Les secrets des couvents et cloîtres accessibles à Tours : explorez le patrimoine caché

Pourquoi le patrimoine monastique compte à Tours

Tours fut longtemps un centre spirituel et intellectuel majeur : de la grande basilique Saint-Martin attirant des pèlerins par milliers à la renaissance religieuse du XIXe siècle, la ville s’est façonnée autour de ses monastères. Beaucoup ont changé d’usage, mais leurs pierres subsistent, souvent méconnues.

  • Près de 35 sites religieux (églises, monastères, couvents) étaient recensés dans la ville au XVIIIe siècle (Source : Archives municipales de Tours).
  • De nombreux anciens couvents servent aujourd’hui de lieu d’exposition, de bibliothèque ou de salle de réunion, prolongeant leur rôle de transmission… à leur manière.

Le cloître de la Psalette : un chef-d’œuvre insoupçonné au cœur de la ville

Accolé à la majestueuse cathédrale Saint-Gatien, le cloître de la Psalette est sans doute le plus connu – mais aussi le plus ignoré des Tourangeaux ! Sa porte discrète, juste à gauche du portail nord, passe presque inaperçue.

  • Un édifice du XVe siècle : Son nom vient du lieu où les chantres psalmodiaient les psaumes, un détail qui le distingue des cloîtres monastiques classiques.
  • Des galeries sculptées en gothique rayonnant, un escalier à vis qui a vu défiler étudiants et clercs… et une vue imprenable sur le chevet de la cathédrale !
  • Accessible toute l’année, sauf fermeture exceptionnelle (consulter le Centre des Monuments Nationaux : www.tours.fr).

Anecdote : Des inscriptions gravées sur les murs témoignent du passage des élèves du chapitre, certains ont laissé leur nom il y a près de quatre cents ans…

L’ancien couvent des Ursulines : art et patrimoine au féminin

Moins visible, plus mystérieux : le couvent des Ursulines est aujourd’hui intégré au lycée Paul-Louis Courier. Ce vaste ensemble construit au XVIIe siècle a abrité jusqu’à 120 religieuses vouées à l’éducation des jeunes filles.

  • Cloître à arcatures élégantes, jardin de méditation et chapelle sobre : l’ensemble frappe par sa beauté rigoureuse et son atmosphère préservée.
  • Visites ponctuelles possibles lors des Journées du Patrimoine ou sur réservation pour des groupes (renseignements auprès du lycée ou à la DRAC Centre-Val de Loire).
  • Certains locaux servent aujourd’hui à l’enseignement, mais l’âme du lieu reste palpable.

Le saviez-vous ? Les Ursulines ont contribué à la notoriété du « palais de la sagesse », formation réputée pour sa discipline bienveillante ; nombre des Tourangelles illustres du XVIIIe au XXe siècle y ont fait leurs classes.

Le cloître du couvent des Minimes : discrétion et sérénité (quartier cathédrale)

Rares sont ceux qui savent que, derrière la façade classique de la bibliothèque municipale, se cache un véritable bijou : le cloître du couvent des Minimes. Fondé au XVIIe siècle, il reste en grande partie intact.

  • Ouverture : accessible pendant les horaires de la bibliothèque (1 rue du Docteur Chaumier), avec possibilité de flâner librement autour du préau et de s’asseoir quelques instants sous les arcades.
  • Des expositions temporaires y sont parfois installées.
  • Atmosphère unique : à l’abri du bruit, l’endroit incite à la lecture ou à la méditation.

Coup de cœur local : Chaque printemps, des glycines centenaires recouvrent une partie de la galerie – un spectacle à ne pas manquer.

Le couvent de la Grande Bretèche : un destin entre ombre et lumière

Le couvent de la Grande Bretèche, moins connu du grand public, fascine par son histoire mouvementée. Édifié sur les vestiges d’une ancienne maison canoniale, il fut un temps refuge pour les carmélites.

  • Sa cour et ses vestiges sont visibles en accès libre depuis la rue de la Grande Bretèche, bien qu’une grande partie soit aujourd’hui convertie en appartements privés.
  • Certains intérieurs se visitent uniquement lors d’évènements culturels comme le festival Le Printemps de la Bretèche.
  • Légende locale : Balzac mentionne la Bretèche dans sa nouvelle éponyme (La Grande Bretèche), nourrissant l’imaginaire romantique autour du lieu.

Cloître Saint-Julien : un lieu, mille vies

Situé à deux pas de la rue Nationale, le cloître de l’ancienne abbaye Saint-Julien abrite désormais le Musée du Compagnonnage. Mais il conserve son quadrilatère silencieux, en accès libre durant les horaires d’ouverture du musée.

  • Architecture d’époque romane remaniée au XVe siècle: la seule partie préservée d’un site jadis gigantesque (l’abbaye s’étendait sur plus de 2 000 m2 au Moyen Âge).
  • Le jardin du cloître, où fleurs d’herbes simples côtoient des sculptures contemporaines, accueille souvent les visiteurs venus se détendre après un passage au musée.
  • Le théâtre Saint-Julien occupe l’ancienne chapelle abbatiale et propose régulièrement des spectacles : encore une métamorphose du lieu !

À ne pas manquer : Au sol, repérez les dalles de pierre d’origine, authentiques témoins de l’époque médiévale.

Quelques couvents cachés à découvrir lors de visites guidées ou événements particuliers

Certains sites ne se dévoilent qu’aux plus patients des curieux, lors de visites exceptionnelles ou de festivals :

  • Le couvent des Cordeliers, réduit à peu de chose mais récemment ouvert lors de Journées du Patrimoine. Sa salle capitulaire gothique, simple et émouvante, accueille concerts ou lectures.
  • L’ancien prieuré Saint-Jean-du-Grais : peu visité mais admirablement conservé, il sert parfois de décor à des expositions d’art contemporain. Accès lors de certains événements uniquement.
  • Le couvent des Augustins, aujourd’hui intégré au lycée Sainte-Ursule, n’est visible qu’à l’occasion d’événements culturels et scolaires. Son ancien cloître, transformé en cour, garde encore la trace des colonnes d’antan.

Conseil pratique : Consultez le programme de Journées Européennes du Patrimoine (en septembre) et la programmation culturelle de la ville pour identifier ces ouvertures exceptionnelles.

Visiter un cloître ou un couvent à Tours aujourd’hui : mode d’emploi

Même si nombre de ces lieux ne se visitent pas quotidiennement comme un musée, certains conseils augmentent vos chances d’en franchir la porte :

  • Les heures creuses (fin de matinée, début d’après-midi sauf le dimanche) permettent souvent une visite plus sereine.
  • La plupart des cloîtres accessibles sont gratuits, y compris celui de la bibliothèque municipale et Saint-Julien, à l’exception de la Psalette (billet d’entrée).
  • Photos autorisées généralement, mais toujours demander pour les lieux scolaires (Ursulines, Augustins).
  • Se rapprocher de l’Office de Tourisme (78-82 rue Bernard Palissy) pour connaître les dernières possibilités d’ouverture.

Attention : Les lieux étant encore en grande partie « vivants » (lieux d’étude, de travail, de résidence ou de spectacle), le respect du silence et du calme reste la règle d’or.

L’avis d’un passionné : paroles d’historien du patrimoine

Pour enrichir ce tour d’horizon, laissons la parole à Pierre G., historien local et guide spécialisé en patrimoine religieux :

« Le grand public ignore souvent que les cloîtres de Tours sont parmi les plus anciens de France, même si leur superficie a été profondément remaniée au fil des siècles. Beaucoup de ces lieux sont encore marqués par leur mission éducative ou charitable. Aujourd’hui, c’est la qualité du silence, la géométrie sobre des jardins ou l’intimité de la pierre ancienne qui émouvra le visiteur… Il s’agit de rester curieux, de demander à passer la tête derrière une porte entrouverte. »

Oser franchir la porte : la découverte au coin de la rue

À Tours, la magie des couvents et cloîtres cachés réside autant dans leur beauté que dans l’art d’aller à leur rencontre. Plusieurs de ces lieux ont survécu aux vicissitudes de l’histoire, transformés mais jamais effacés. Derrière chaque arcade murmurent encore mille récits : communautaires, artistiques, ou même… légendaires. À chaque visite, une surprise, un détail inédit, une histoire à emporter.

Pour prolonger l’expérience, n’hésitez pas à embarquer carnet, appareil photo et une bonne dose de curiosité : la ville recèle bien plus de secrets, prêts à se livrer à qui sait lever les yeux, ou pousser une porte.

Sources : Archives municipales de Tours, DRAC Centre-Val de Loire, Centre des Monuments Nationaux, Ville de Tours, Musée du Compagnonnage, Journées Européennes du Patrimoine, Balzac « La Grande Bretèche ».