22 novembre 2025
Tours fut longtemps un centre spirituel et intellectuel majeur : de la grande basilique Saint-Martin attirant des pèlerins par milliers à la renaissance religieuse du XIXe siècle, la ville s’est façonnée autour de ses monastères. Beaucoup ont changé d’usage, mais leurs pierres subsistent, souvent méconnues.
Accolé à la majestueuse cathédrale Saint-Gatien, le cloître de la Psalette est sans doute le plus connu – mais aussi le plus ignoré des Tourangeaux ! Sa porte discrète, juste à gauche du portail nord, passe presque inaperçue.
Anecdote : Des inscriptions gravées sur les murs témoignent du passage des élèves du chapitre, certains ont laissé leur nom il y a près de quatre cents ans…
Moins visible, plus mystérieux : le couvent des Ursulines est aujourd’hui intégré au lycée Paul-Louis Courier. Ce vaste ensemble construit au XVIIe siècle a abrité jusqu’à 120 religieuses vouées à l’éducation des jeunes filles.
Le saviez-vous ? Les Ursulines ont contribué à la notoriété du « palais de la sagesse », formation réputée pour sa discipline bienveillante ; nombre des Tourangelles illustres du XVIIIe au XXe siècle y ont fait leurs classes.
Rares sont ceux qui savent que, derrière la façade classique de la bibliothèque municipale, se cache un véritable bijou : le cloître du couvent des Minimes. Fondé au XVIIe siècle, il reste en grande partie intact.
Coup de cœur local : Chaque printemps, des glycines centenaires recouvrent une partie de la galerie – un spectacle à ne pas manquer.
Le couvent de la Grande Bretèche, moins connu du grand public, fascine par son histoire mouvementée. Édifié sur les vestiges d’une ancienne maison canoniale, il fut un temps refuge pour les carmélites.
Situé à deux pas de la rue Nationale, le cloître de l’ancienne abbaye Saint-Julien abrite désormais le Musée du Compagnonnage. Mais il conserve son quadrilatère silencieux, en accès libre durant les horaires d’ouverture du musée.
À ne pas manquer : Au sol, repérez les dalles de pierre d’origine, authentiques témoins de l’époque médiévale.
Certains sites ne se dévoilent qu’aux plus patients des curieux, lors de visites exceptionnelles ou de festivals :
Conseil pratique : Consultez le programme de Journées Européennes du Patrimoine (en septembre) et la programmation culturelle de la ville pour identifier ces ouvertures exceptionnelles.
Même si nombre de ces lieux ne se visitent pas quotidiennement comme un musée, certains conseils augmentent vos chances d’en franchir la porte :
Attention : Les lieux étant encore en grande partie « vivants » (lieux d’étude, de travail, de résidence ou de spectacle), le respect du silence et du calme reste la règle d’or.
Pour enrichir ce tour d’horizon, laissons la parole à Pierre G., historien local et guide spécialisé en patrimoine religieux :
« Le grand public ignore souvent que les cloîtres de Tours sont parmi les plus anciens de France, même si leur superficie a été profondément remaniée au fil des siècles. Beaucoup de ces lieux sont encore marqués par leur mission éducative ou charitable. Aujourd’hui, c’est la qualité du silence, la géométrie sobre des jardins ou l’intimité de la pierre ancienne qui émouvra le visiteur… Il s’agit de rester curieux, de demander à passer la tête derrière une porte entrouverte. »
À Tours, la magie des couvents et cloîtres cachés réside autant dans leur beauté que dans l’art d’aller à leur rencontre. Plusieurs de ces lieux ont survécu aux vicissitudes de l’histoire, transformés mais jamais effacés. Derrière chaque arcade murmurent encore mille récits : communautaires, artistiques, ou même… légendaires. À chaque visite, une surprise, un détail inédit, une histoire à emporter.
Pour prolonger l’expérience, n’hésitez pas à embarquer carnet, appareil photo et une bonne dose de curiosité : la ville recèle bien plus de secrets, prêts à se livrer à qui sait lever les yeux, ou pousser une porte.
Sources : Archives municipales de Tours, DRAC Centre-Val de Loire, Centre des Monuments Nationaux, Ville de Tours, Musée du Compagnonnage, Journées Européennes du Patrimoine, Balzac « La Grande Bretèche ».