8 novembre 2025
Il suffit de franchir le porche du Grand Théâtre de Tours, niché avenue de Grammont, pour saisir en un instant la démesure feutrée de la Belle Époque. Ce bâtiment, conçu par Jean Hardion et inauguré en 1889 après l’incendie de l’ancien théâtre en 1866, reste pourtant largement ignoré des flâneurs. Rares sont ceux qui savent que cette salle a accueilli Sarah Bernhardt, Camille Saint-Saëns ou Léo Delibes (source : Opéra de Tours).
Visites guidées ponctuelles dans les coulisses, sur réservation à l’opéra – et l’occasion de tester le buffet, encore empreint de son atmosphère années 30.
À deux pas de la Loire, la façade du Musée du Compagnonnage attire l’œil. Mais peu se doutent que ses sous-sols abritent l’un des vestiges gallo-romains les plus énigmatiques de Tours : un cryptoportique, daté du Ier siècle de notre ère, entièrement conservé sous la salle même du musée (France 3 Centre-Val de Loire).
Une expérience tout en fraîcheur, à quelques pas seulement de la rumeur de la ville.
C’est le genre d’adresse qui échappera même à de vieux Tourangeaux : la Tour Charlemagne, vestige solitaire de l’ancienne collégiale Saint-Martin, tient salon dans la cour d’un immeuble, entre la rue des Halles et la rue Descartes.
À découvrir lors des Journées du Patrimoine ou grâce aux visites organisées par la ville de Tours et l’Association Saint-Martin.
Avez-vous déjà entendu parler du passage du Cœur Navré ? Ce minuscule passage piétonnier, situé entre la rue Colbert et la rue Briçonnet, reste l’un des secrets les mieux gardés du Vieux Tours. Longtemps repaire d’artisans – tailleurs de pierre et relieurs notamment – il conserve aujourd’hui un esprit de village.
Les riverains souhaitent préserver la tranquillité du lieu – alors, balade discrète recommandée !
Impossible de ne pas s’arrêter devant la silhouette trapue de l’église Saint-Julien, la doyenne des monuments religieux tourangeaux (XIe-XIIIe siècles). Mais ce que l’on sait moins, c’est la présence de véritables fresques préservées et pour certaines retrouvées au XXe siècle – notamment dans la chapelle sud.
S’échapper un moment du centre-ville pour longer la Loire vers le nord, c’est rencontrer un autre visage de Tours : le quartier Blanqui, marqué par son passé ouvrier, ses maisons basses en tuffeau et ses venelles fleuries. Ce secteur a longtemps été le cœur artisanal de la ville, en raison de sa proximité avec l’eau.
Un quartier qui s’explore tôt le matin, quand la brume flotte encore sur les bras de Loire et que seuls les bruits de marché accompagnent la balade.
Aux abords nord-est de la ville, en bord de Loire, subsistent les vestiges grandioses de ce qui fut le plus puissant monastère d’Occident au Moyen Âge : l’abbaye de Marmoutier. Fondée par saint Martin en 372, elle accueillit jusqu’à 700 moines avant d’être ruinée à la Révolution (source : Persée).
Un trésor d’archéologie spirituelle posé face à la Loire, à portée de vélo ou de promenade à pied depuis le centre.
Tours réserve bien d’autres surprises à celles et ceux qui savent où porter leur regard – vestiges de fortifications gallo-romaines derrière la rue Nationale, caves secrètes des anciens marchands de vins, hôtels particuliers transformés en appartements créatifs rue de la Scellerie, ou chemins de halage investis par des artistes de rue. Ce patrimoine méconnu, vivant, fragile parfois, raconte l’histoire d’une ville qui se réinvente sans cesse, loin des clichés. À chaque balade, la promesse d’une nouvelle découverte.