Tours à travers ses secrets : histoires, légendes et petits mystères à ne pas manquer

Aux origines de Tours : entre Romains et druides mystérieux

Avant d’être Tours la Renaissance ou la ville universitaire animée, la cité fut un haut lieu gallo-romain sous le nom de Caesarodunum. Retournons plus de deux mille ans en arrière : la ville s’érige à la charnière de l’Antiquité, sur un promontoire dominant la Loire, point stratégique pour le commerce et la défense.

  • Le mythe de la fondation par un prince gaulois : Selon la légende, c’est Turnus, un prince mythique mortellement blessé par Énée, qui aurait donné son nom à la ville (Archives municipales de Tours, archives.tours.fr).
  • Un amphithéâtre hors-norme : Tours abritait l’un des plus grands amphithéâtres de la Gaule, capable d’accueillir entre 14 000 et 34 000 spectateurs selon les estimations récentes (Mélanges de l'École française de Rome). Certains vestiges sont encore visibles rue des Déportés.

Selon certains récits, les derniers druides auraient tenu conseil non loin de là, sur une île de la Loire aujourd’hui disparue. Mythe ou réalité ? Les archéologues continuent de s’interroger sur ces traces subtiles mêlées de croyances.

Saint Martin : le moine, le manteau et la fusion de deux mondes

Impossible d’évoquer Tours sans s’arrêter sur la figure aimée (et parfois méconnue) de saint Martin. Arrivé au IV siècle, cet ancien officier romain devenu évêque n’a pas qu’abandonné une brillante carrière militaire : il s’est taillé une place exceptionnelle dans le cœur des Tourangeaux… mais aussi dans l’histoire européenne.

  • L’épisode du manteau partagé : Sur la route d’Amiens, Martin croise le chemin d’un pauvre. Pris de compassion, il partage son manteau d’un coup d’épée : une image iconique de la charité, qui va résonner bien au-delà de la vallée de la Loire.
  • Une basilique plusieurs fois détruite et reconstruite : La première basilique, bâtie à l’emplacement de la tombe de Saint Martin vers 437, a été incendiée puis rebâtie à maintes reprises, notamment après un terrible incendie en 994 et lors des guerres de Religion.
  • Un pèlerinage européen : Tours était l’un des plus grands centres de pèlerinage du Moyen Âge, rivalisant avec Rome, Jérusalem ou Saint-Jacques-de-Compostelle. Chaque année, des milliers de fidèles venaient honorer la mémoire du saint.

Détail étonnant : parmi les rois, mendiants, et militaires venus devant sa tombe figurait Charles Martel lui-même, venu confier son destin lors de la célèbre bataille de Poitiers (732). Point de légende sans réelle influence!

Batailles, résistances et secrets de guerre

Tours, carrefour stratégique, a plusieurs fois changé de visage au rythme des conflits. Parmi les péripéties dignes d’un roman d’aventure :

  • L’invasion normande de 853 : Les Vikings attaquent et pillent la ville, ravagent la basilique et dispersent les reliques de saint Martin. Durant des décennies, Tours reconstruit pierre après pierre… et ne cesse de renaître.
  • Le roi Louis XI et la Tour Charlemagne : Louis XI fait de Tours sa résidence secondaire au XVe siècle, transformant la ville et son château en centre du pouvoir royal. Il y crée même la célèbre « maille tournois », une monnaie d’argent – héritage linguistique que l’on retrouve encore dans l’expression « se battre en tournoi ».
  • La « semaine sanglante » de 1793 : Durant la Révolution, la ville connaît son lot de tensions : le 19 décembre 1793, 300 prisonniers vendéens sont exécutés sur ordre du général Turreau devant le château de Tours (source : Jean-Clément Martin, CNRS Editions).
  • La “petite histoire” de la Seconde Guerre mondiale : En juin 1940, Tours sert de capitale provisoire du pays pendant quelques jours. Évacuation précipitée, trains pris d’assaut : la ville est le témoin furtif mais crucial de l’histoire de France (France Bleu, 2020).

Le bestiaire fantastique des rues tourangelles

Certaines histoires tourangelles ne seraient rien sans leur brume de merveilleux et de fantastique. Croisez un dragon, surprenez une sirène, et prêtez l’oreille aux mondes cachés derrière les pierres…

  • Le Grand’Goule, monstre légendaire : Vestige du folklore commun de la Loire, la Grand’Goule est une créature monstrueuse que l’on disait tapie dans les caves et les souterrains. D’après un récit du Moyen Âge, elle dévorait ceux qui osaient troubler son sommeil.
  • La fontaine ensorcelée rue du Change : Une croyance voulait qu’il ne fallait jamais jeter de pierre dans la fontaine du Griffon, sous peine d’attirer la malchance (source : Jean-Louis Le Camus, Les Souterrains de Tours, Éditions Cyril).
  • Le fantôme du cloître Saint-Martin : On murmure qu’un chanoine au cœur pur, injustement exécuté, hante encore certains soirs les ruines du cloître, égaré entre le passé et le présent.

Anecdotes méconnues, petites pointes d’ironie dans la grande histoire

L’esprit tourangeau, c’est aussi le goût des situations inattendues. En voici quelques-unes, idéales pour briller lors d’une prochaine visite (ou étonner ses amis lors d’un apéro place Plumereau).

  • La “tour penchée” de Tours : Tout droit sortie d’une intrigue de roman : la tour de l’église Saint-Symphorien, sur la rive nord, surnommée “la Tour penchée de Tours”, en raison de son inclinaison de 55 cm par rapport à la verticale, visible à l’œil nu.
  • Un pont aux allures de destin manqué : Le pont de fil, jeté en 1847, fut « le plus ancien pont suspendu de France utilisé quotidiennement » jusqu’à sa fermeture aux véhicules en 1970 (Source : Patrimoines du Centre), mais il n’a jamais réellement relié les deux rives dans l’alignement prévu… faute de moyens et de bon terrain.
  • L’acte de naissance de la langue française officielle : C’est à Tours, en 1539, que l’ordonnance de Villers-Cotterêts est promulguée par François Ier, imposant le français pour les actes administratifs et de justice au lieu du latin. Un choix d’abord stratégique pour le pouvoir… et une victoire du parler local !

Tours, la ville aux “cent clochers” et autres chiffres remarquables

Peu de villes françaises peuvent se targuer d’un tel héritage religieux : Tours fut surnommée la « ville aux cent clochers » dès le Moyen Âge. Il en subsiste encore 25 aujourd’hui, hasardant dans le ciel une symphonie de cloches chaque dimanche matin.

  • La cathédrale Saint-Gatien : Chef-d’œuvre gothique commencé au XIII, la construction s’étire sur… 400 ans ! Un vrai « roman de pierres », entre innovations architecturales et ajustements politiques ou financiers (voir le site de la Ville de Tours).
  • Répartitions atypiques : La ville, autrefois morcelée en “paroisses-rivalités”, est aujourd’hui le siège de cinq paroisses et 13 églises principales.

Un dernier chiffre pour la route : à son apogée médiévale, Tours abritait 30 000 habitants, soit presque autant qu’Orléans à la même époque, couvrant un territoire ceinturé de plus de quatre kilomètres de remparts (source : Inrap, Institut national de recherches archéologiques préventives).

Petites histoires, grandes adresses : où retrouver l’âme mystérieuse de Tours ?

Envie de se frotter à ces légendes ? Voici quelques adresses et spots à ne pas manquer pour viser juste et plonger dans l’inattendu :

  • Les vestiges gallo-romains rue des Déportés, pour imaginer l’amphithéâtre original.
  • La basilique Saint-Martin et la tour Charlemagne : pour remonter le fil du grand pèlerinage et sentir la puissance des siècles.
  • Les ruelles du Vieux-Tours : de la place Plumereau à la rue Briçonnet, à parcourir au crépuscule pour guetter le passage de la Grand’Goule ou du fantôme du cloître.
  • Le cimetière La Salle : visite hors du temps à l’emplacement des anciennes murailles et chapelles disparues (circuit proposé par l’office de tourisme de Tours).
  • La bibliothèque municipale et les Archives départementales, pour croiser manuscrits anciens, curieux dessins de dragons et récits légendaires.

Explorer la ville autrement : Tours, éternelle source d’étonnement

Qu’il s’agisse d’un ancien évêque visionnaire, de mystérieuses mosaïques gallo-romaines, ou du rire discret d’un tourangeau devant la tour penchée, Tours cultive l’art de surprendre sans jamais hausser la voix. Derrière chaque pierre, chaque détail méconnu, vibrent autant d’occasions de rompre la routine et d’ouvrir l’œil autrement.

Pour prolonger la magie, les passionnés du patrimoine proposent régulièrement balades commentées, jeux de piste, ou rencontres insolites sur les traces de ces anecdotes – à suivre auprès de la ville de Tours et de l’office de tourisme. Une chose est sûre : la ville n’a pas fini de raconter, à qui sait écouter, d’autres histoires inattendues…