14 août 2025
Peu de grandes histoires nationales s’incarnent aussi intensément à Tours que celle de Jeanne d’Arc. Printemps 1429 : alors que la France chancelle sous la pression anglaise, une jeune héroïne traverse la vallée de la Loire, bousculant les routines d’une ville d’ordinaire paisible.
Pourquoi Tours ? À l’époque, la cité vivait dans l’ombre d’Orléans et de Chinon, mais détenait un savoir-faire reconnu et, surtout, elle représentait un tremplin stratégique sur la route des batailles décisives de la Guerre de Cent Ans.
L’un des épisodes les plus célèbres – et les plus fascinants ! – du séjour de Jeanne à Tours concerne la célèbre armure qu’elle y fit forger. Ce n’est pas un détail : l’équipement de Jeanne d’Arc fut commandé dans l’atelier de Maître Février, armurier établi dans la ville, alors haut lieu de la production métallurgique et militaire.
L’escale de Jeanne ne fut pas seulement une étape logistique. C’est à Tours qu’elle rencontre Jean de Metz et Bertrand de Poulengy, deux gentilshommes qui deviendront ses fidèles compagnons, bien loin de la rectitude compassée de la cour de Charles VII.
Quand Jeanne arrive à Tours, la ville bruisse de rumeurs et d’enthousiasme. D’après le journal de la bourgeoisie de Tours (source : Chronique tourangelle de 1429), elle fut accueillie en « délivrance » par de nombreux habitants ravis de voir en elle la chance d’une France libre. On raconte qu’un cortège improvisé escorta la jeune femme jusqu’à l’abbatiale de Saint-Martin, l’un des rares monuments tourangeaux à résister au temps.
On néglige souvent le rôle spirituel de Tours dans le voyage de Jeanne d’Arc. Or, la ville demeurait à l’époque un grand centre de pèlerinage, en raison du tombeau de saint Martin, le plus populaire des saints gaulois.
Le passage de Jeanne d'Arc a profondément marqué la mémoire urbaine – même si, faute de vestiges monumentaux, c’est aujourd’hui le flâneur attentif qui débusquera les empreintes discrètes de son épopée.
Pour une découverte plus insolite, laissez-vous guider par le circuit “Tours Jeanne d’Arc”, organisé chaque printemps par des passionnés du patrimoine local (programme disponible sur le site de l'Office de tourisme de Tours).
À travers ces anecdotes, c’est une figure moins lointaine et plus humaine qui se dessine : celle d’une adolescente devenue stratège, soutenue par la ferveur d’une petite ville ligérienne et la chaleur de ses artisans. Plus de 590 ans après son séjour, la Pucelle continue d’inspirer l’éducation populaire : chaque année, près de 5000 écoliers tourangeaux participent à des ateliers historiques sur Jeanne d’Arc, organisés par les musées et associations locales (source : Ville de Tours).
L’aventure de Jeanne d’Arc à Tours raconte tout autant l’ingéniosité artisanale, la solidarité quotidienne et la vie des rues que les grandes charges chevaleresques. En suivant ses traces, on découvre un autre visage de la ville : celui de la résistance, de l’innovation et de l’émotion partagée, qui continue, de siècle en siècle, de réveiller l’imaginaire.