27 novembre 2025
Tourangeaux et visiteurs vont fréquemment admirer les verrières immenses de Saint-Gatien, mais quelques minutes à pied suffisent à changer de décor et d’époque. Dans ces églises moins célèbres, la créativité des maîtres-verriers s’exprime avec une liberté étonnante.
Située avenue de la Tranchée, l’église Notre-Dame La Riche doit sa renommée à son architecture néo-gothique et surtout à ses vitraux, signés Lucien-Léopold Lobin et Georges Lusson entre 1866 et 1911 (source : Patrimoine religieux). Ce n’est pas ici que l’on trouvera les scènes bibliques convenues : la lumière flirtant avec les jaunes vifs de la Nativité ou les bleus profonds qui enveloppent la Vierge suffit à faire taire le reste du monde.
À une volée de kilomètres du centre, l’église Saint-Pierre des Corps a été en grande partie reconstruite après 1940. Ici, place à une expression contemporaine et poétique du vitrail, avec l’intervention de Jean Mauret, l’un des verriers français majeurs de la fin du XXe siècle (source : Jean Mauret).
À Tours, le patrimoine civil réserve aussi son lot de surprises. Derrière une porte en chêne ou au détour d’un escalier, des vitraux ponctuent l’histoire des familles de négociants, des médecins ou des artistes qui ont façonné la ville.
Tout près de la place Plumereau, cette maison attire les regards avec sa tourelle. Pourtant, l’étonnement est à l’intérieur : dans la cage d’escalier, un vitrail en arc brisé décline motifs floraux, libellules et teintes irisées, vers 1903 (référencé par l’Inventaire général du patrimoine culturel).
Célèbre pour sa façade Renaissance, l’Hôtel Goüin réserve aux visiteurs attentifs une fenêtre ornementée d’un vitrail du XVIe siècle. Si l’on fait abstraction des aménagements muséaux, on distingue encore un blason polychrome (source : Inventaire national du patrimoine).
Parfois, il suffit de pousser une porte rarement ouverte. Certaines chapelles, souvent ignorées, abritent des œuvres où la piété se mêle à l’histoire locale.
À l’écart du tumulte, la chapelle de l’ancienne Hospitalité Saint-Martin, rue Descartes, recèle des vitraux commandés dans les années 1950 à la Manufacture Gruber, ateliers strasbourgeois réputés.
Le cloître Saint-Julien, souvent plus admiré pour ses voûtes romanes ou ses concerts que pour ses verrières, conserve dans sa galerie nord un vitrail coloré signé Charles Lorin, maître-verrier de Chartres, en 1936.
Peut-on parler de « nouveaux vitraux » à Tours ? Depuis les années 1950, plusieurs ensembles religieux ou civils se sont dotés de créations audacieuses qui renouvelaient le genre.
Construite entre 1959 et 1966 par l’architecte Pierre Patout, l’église Sainte-Jeanne d’Arc, au sud de Tours, abrite des vitraux contemporains atypiques, commandés au maître-verrier Michel Petit (source : Patrimoine régional).
Le saviez-vous ? Le lycée Paul-Louis Courier, un bâtiment moderniste édifié au début des années 1960, intègre dans sa bibliothèque un vitrail créé en hommage à l’écrivain éponyme, mais aussi aux sciences humaines.
Observer un vitrail, c’est apprendre à décoder les messages d’un autre temps, mais aussi les inventions audacieuses des artistes plus récents. Quelques conseils pour en profiter pleinement lors de votre prochaine balade :
Bien loin des seuls grands monuments, les vitraux moins connus de Tours racontent la ville autrement. Ils témoignent de mutations urbaines, de désirs d’innovation, de la vitalité de l’artisanat local et du lien unique entre lumière et histoire dans la vallée de la Loire.
L’exploration ne fait que commencer : avec plus de 130 édifices civils et religieux recensant au moins un ensemble de vitraux (source : Patrimoine religieux), Tours offre un terrain d’émerveillement sans cesse renouvelé. Les véritables trésors résistent parfois à la photographie, mais se révèlent à celui ou celle qui prend le temps de s’arrêter, de lever les yeux… et d’ouvrir grand la porte au merveilleux.