7 décembre 2025
Derrière les hautes façades de tuffeau et les portails massifs qui ponctuent les rues de Tours, une multitude d’hôtels particuliers sommeillent loin des regards. Certains ne dévoilent rien, si ce n’est une cour ombragée ou un linteau sculpté qu’on aperçoit au détour d’une porte entrebâillée. Ce sont ces trésors discrets, souvent absents des circuits classiques, qui contribuent à l’âme secrète de la ville.
Contrairement à des villes comme Paris ou Bordeaux, dont les hôtels particuliers sont largement documentés et souvent ouverts lors de visites guidées, Tours cultive sa part de mystère. Beaucoup de ces demeures appartiennent encore à des familles privées, ou abritent des institutions fermées au public. Pourtant, chacune raconte à sa manière un fragment précieux de l’histoire tourangelle.
Entre le XVe et le XVIIIe siècle, la bourgeoisie et la noblesse tourangelles se sont disputé le centre-ville à coups de chantiers fastueux. Tours, ville royale et parlementaire, était alors un pôle administratif majeur autant qu’un laboratoire architectural. Selon l’Inventaire général du patrimoine culturel (IRPC, Région Centre-Val de Loire), on recense environ 60 hôtels particuliers majeurs dans l’hyper-centre, dont une vingtaine encore habités de nos jours. Pour la plupart, leur façade donne sur la rue Nationale, la rue Colbert ou la rue du Commerce, mais seuls quelques-uns livrent de temps à autre leurs secrets lors des Journées du Patrimoine.
Tous ces hôtels particuliers affichent des signes distinctifs, souvent indéchiffrables pour le promeneur pressé. Quelques clés pour les repérer :
Observez aussi les inscriptions gravées dans la pierre. On en retrouve, à Tours, datées du XVIIe siècle, mentionnant la construction de puits ou de souterrains, vestiges de l’époque où l’eau du Loir ou de la Loire était précieuse (Mairie de Tours).
Certaines associations locales, comme Patrimoine Touraine, mènent des visites exceptionnelles pour petits groupes. C’est bien souvent la seule chance d’entrer dans ces univers feutrés, où le temps semble suspendu.
Les hôtels particuliers ouverts à la visite régulière, comme celui de Berthelot ou l’actuel hôtel Goüin, sont donc l’exception, non la règle.
Face à l’intérêt croissant du public pour un patrimoine « de l’intime » et à l’essor du tourisme responsable, certains propriétaires réfléchissent à ouvrir plus largement leurs portes via des visites immersives ou des conférences. Cette tendance, encouragée par la Fondation du Patrimoine, permet d’entrevoir de nouveaux liens entre habitants, visiteurs et ces lieux vivants de mémoire.
Finalement, débusquer les hôtels particuliers restés invisibles revient à retrouver la ville telle qu’elle se construit aussi : vivante, changeante, inattendue. À Tours, chaque porte close n’attend qu’une main curieuse pour révéler son mystère… et chaque récit, qu’une oreille attentive pour vibrer.
Sources : Musée de Tours, Archives municipales de Tours, La Nouvelle République, base Mérimée, Patrimoine Touraine.